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et tantôt craintive. Vous aviez raison de ne pas me trouver aimable, mais vous avez eu tort de croire que je n’étais pas aimante et que je ne vous aimais pas !

» Alida, revenez, ou, si vous êtes encore près de nous, ne partez pas ! Mille dangers environnent une femme séduisante. Il n’y a de force et de sécurité qu’au sein de la famille. La vôtre vous semble quelquefois trop grave, nous le savons, nous essayerons de nous corriger… Et puis c’est peut-être moi qui vous déplais le plus… Eh bien, je m’éloignerai, s’il le faut. Vous m’avez reproché de me placer entre vous et vos enfants et d’accaparer leur affection. Ah ! prenez ma place, ne les quittez pas, et vous ne me reverrez plus ; mais non, vous avez du cœur, et de tels dépits ne sont pas dignes de vous. Vous n’avez jamais pu croire que je vous haïssais, moi qui donnerais ma vie pour votre bonheur et qui vous demande pardon à genoux, si j’ai eu envers vous quelques moments d’injustice ou d’impatience. Revenez, revenez ! Edmond a beaucoup pleuré après votre départ, si peu prévu. Paolino a une idée fantasque, c’est que vous êtes dans le jardin qui est auprès du leur : il prétend qu’il vous y a vue un jour, et on ne peut l’empêcher de grimper au treillage pour regarder derrière le mur où il vous a rêvée, où il vous attend encore. Paule, qui vous aime tant, a beaucoup de chagrin ; son mari en est jaloux. Adélaïde, qui me voit vous écrire, veut vous dire quelques mots. Elle vous dit, comme moi, qu’il faut croire en nous et ne pas nous abandonner. »