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à l’avenir de ses enfants et à sa propre considération, à l’affection de ta famille, au fidèle dévouement de Paule, au respect de tous les gens sérieux… Si elle veut m’entendre, elle retrouvera l’ami toujours indulgent et jamais importun qu’elle connaît bien malgré ses habitudes de méprise… Si elle ne le veut pas, mon devoir est rempli, et je m’éloignerai, sinon rassuré sur son compte, du moins en paix avec moi-même. »

La bonté comique de Moserwald m’avait fait sourire, la rudesse chagrine et railleuse d’Obernay m’avait courroucé, la généreuse douceur de Valvèdre m’écrasa. Je me sentis si petit devant lui, que j’éprouvai un moment de terreur et de honte avant de faire lire à sa femme cette requête à la fois humble et digne ; mais je n’avais pas le droit de m’y refuser, et je la lui envoyai par Bianca, qui était venue nous rejoindre à Paris.

Je ne voulais pas être témoin de l’effet de cette lecture sur Alida. J’avais appris à redouter l’imprévu de ses émotions et à en ménager le contre-coup sur moi-même. Depuis huit jours de tête-à-tête, nous avions, par un miracle de la volonté la plus tendue qui fut jamais, réussi à nous maintenir au diapason de la confiance héroïque. Nous voulions croire l’un à l’autre, nous voulions vaincre la destinée, être plus forts que nous-mêmes, donner un démenti aux sombres prévisions de ceux qui nous avaient jugés si défavorable-