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te réponds de te faire aimer d’eux. Ils sont aussi respectables que tendres ; ils sont intelligents, instruits, honorés. Je t’offre donc un nom moins aristocratique et moins célèbre que celui de Valvèdre, mais aussi pur que les plus purs… Le peu que ces chers parents possèdent, ils le partageront dès à présent avec nous, et, quant à l’avenir, je mourrai à la peine ou tu auras une existence digne de toi. Si je ne suis pas doué comme poëte, je me ferai administrateur, financier, industriel, fonctionnaire, tout ce que tu voudras que je sois. Voilà tout ce que je peux te dire de la vie positive qui nous attend et qui est la chose dont jusqu’ici tu t’es le moins préoccupée.

— Oui, certes, s’écria-t-elle ; l’obscurité, la retraite, la pauvreté, la misère même, tout plutôt que la pitié de Valvèdre !… L’homme que j’ai vu si longtemps à mes pieds ne me verra jamais aux siens, pas plus pour le remercier que pour l’implorer ! Mais ce n’est pas de moi, mon pauvre enfant, c’est de toi qu’il s’agit ! Seras-tu heureux par moi ? M’aimeras-tu à ce point de m’accepter avec l’horrible caractère et l’absurde conduite que l’on m’attribue ?

— Cette conduite…, quelle qu’elle soit, je veux l’ignorer, n’en parlons jamais ! Quant à ce caractère terrible…, je le connais, et je ne crois pas être en reste avec toi, puisque je suis ton pareil, comme dit M. de Valvèdre. Eh bien, nous sommes deux êtres emportés, passionnés, impossibles pour les autres, mais nécessaires l’un à l’autre comme l’éclair à la foudre.