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peut, dans un jour de folie, prendre l’offre au sérieux, ne fût-ce que pour éprouver son dévouement ! Cela se réduirait probablement à une partie de campagne. Las des marmots, on les ramènerait le soir même ; mais crois-tu que ces pauvres innocents doivent être exposés à entendre, ne fût-ce qu’un jour, ces étranges dithyrambes ?

— Alors, répondit Obernay, nous ferons bonne garde ; mais le mieux serait que vous ne partissiez pas encore.

— Je ne partirai pas sans avoir réglé toutes choses pour le présent et l’avenir.

— L’avenir, ne vous en tourmentez pas trop ! Le caprice qui menace sera bientôt passé.

— Cela n’est pas sûr, reprit Valvèdre. Jusqu’ici, elle n’avait encouragé que des hommages peu inquiétants, des gens du monde trop bien élevés pour s’exposer à des esclandres. Aujourd’hui, elle a rencontré un homme intelligent et honnête, mais très-exalté, sans expérience, et, je le crains, sans principes suffisants pour faire triompher les bons instincts, son pareil, son idéal en un mot. Si elle cache soigneusement cette intrigue, je feindrai d’y être indifférent ; mais, si elle prend les partis extrêmes auxquels cet imprudent la convie, il faudra qu’il s’attende à une répression de ma part, ou qu’elle cesse de porter mon nom. Je ne veux pas qu’elle m’avilisse ; mais, tant qu’elle sera ma femme, je ne souffrirai pas non plus qu’elle soit avilie par un autre homme. Voilà ma conclusion.