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l’amitié même m’était refusée ; mais je voulais que cette terrible imagination de femme connût ou pressentît un frein, tant que mes enfants et ma jeune sœur vivraient auprès d’elle. Je n’ai jamais entravé sa liberté au dehors, et je dois dire qu’elle n’en a point abusé ostensiblement. Elle m’a haï pour cette froide pression exercée sur elle, et que son orgueil ne pouvait attribuer à la jalousie ; mais elle a fini par m’estimer un peu… dans ses heures de lucidité !

» À présent, mes enfants sont ici, ma jeune sœur t’appartient, ma sœur aînée est heureuse et vit près de vous, ma femme est libre !

Valvèdre s’arrêta. J’ignore ce qu’Obernay lui répondit. Arraché un instant à l’attention violente avec laquelle j’avais écouté, je m’aperçus de la présence d’Alida. Elle était derrière moi, tenant ma lettre ouverte, que son mari avait lue. Elle venait m’annoncer l’événement et m’engager à fuir ; mais, enchaînée par ce que nous venions d’entendre, elle ne songeait plus qu’à écouter son arrêt.

Je voulus l’emmener. Elle me fit signe qu’elle resterait jusqu’au bout. J’étais si accablé de tout ce qui venait d’être dit, que je ne me sentis pas la force de prendre sa main et de la rassurer par une muette caresse. Nous restâmes donc à écouter, mornes comme deux coupables qui attendent leur condamnation.

Quand les paroles qui se disaient de l’autre côté du mur et qui échappèrent un instant à ma préoccupation reprirent un sens pour moi, j’entendis Obernay