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dans la honte et dans le besoin. Je vous laisse ; la nuit porte conseil, et vous passerez la nuit ici, car vous n’avez pas vos effets, et il faut bien me donner le temps de vous les faire tenir. Où sont-ils ?

Je les avais laissés aux environs de Genève, dans une auberge de village que je lui indiquai.

— Vous les aurez demain matin, me dit-il, et, si vous voulez partir pour le royaume de l’inconnu, vous partirez : mais le dieu d’amour vous inspirera auparavant quelque chose de plus raisonnable et surtout de plus délicat. Demain au soir, je reviendrai voir si vous y êtes encore et dîner avec vous…, si toutefois vous êtes seul.

J’écrivis à madame de Valvèdre le résumé de tout ce qui s’était passé, comme quoi je me trouvais tout près d’elle et pouvais l’apercevoir, si elle se promenait dans le jardin. Je dormis quelques heures, et, dès le matin, je lui fis tenir ma lettre par l’adroit et dévoué Manassé, qui me rapporta la réponse, ainsi que mon sac de voyage.

« Restez où vous êtes, me disait madame de Valvèdre ; j’ai confiance en ce Moserwald, et il ne me répugne pas d’aller dans ce jardin. Faites que celui qui donne vis-à-vis de la chapelle soit ouvert, et ne bougez pas de la journée. »

À trois heures de l’après-midi, elle se glissa dans mon enclos. J’hésitais à la faire entrer dans le pavillon. Elle se moqua de mes scrupules.

— Comment voulez-vous, me dit-elle, que je m’of-