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Une demi-heure après, j’étais à la porte d’Obernay. Le cœur me battait avec tant de violence, que je m’arrêtai un instant pour me remettre. Ce fut Obernay lui-même qui vint m’ouvrir ; de la terrasse de son jardin, il m’avait vu arriver.

— Je comptais sur toi, me dit-il, et me voilà pourtant dans un transport de joie comme si je ne t’espérais plus. Viens, viens ! toute la famille est réunie, et nous attendons Valvèdre d’un moment à l’autre.

Je trouvai Alida au milieu d’une douzaine de personnes qui ne nous permirent d’échanger que les saluts d’usage. Il y avait là, outre le père, la mère et la fiancée d’Henri, la sœur aînée de Valvèdre, mademoiselle Juste, personne moins âgée et moins antipathique que je ne me la représentais, et une jeune fille d’une beauté étonnante. Bien qu’absorbé par la pensée d’Alida, je fus frappé de cette splendeur de grâce, de jeunesse et de poésie, et, malgré moi, je demandai à Henri, au bout de quelques instants, si cette belle personne était sa parente.

— Comment diable, si elle l’est ! s’écria-t-il en riant, c’est ma sœur Adélaïde ! Et voici l’autre que tu n’as pas connue, comme celle-ci, dans ton enfance ; voici notre démon, ajouta-t-il en embrassant Rosa, qui entrait.

Rosa était ravissante aussi, moins idéale que sa sœur et plus sympathique, ou, pour mieux dire, moins imposante. Elle n’avait pas quatorze ans, et sa tenue n’était pas encore celle d’une demoiselle bien raison-