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malade du chalet et faisant l’aumône à mes hôtes.

Malgré son costume alpestre, qui tenait du montagnard encore plus que du touriste, je fus frappé de l’élégance de sa tournure et de sa physionomie. Il était, en outre, remarquablement beau de type et de formes, et ne paraissait pas avoir plus de trente ans. Il avait ôté son chapeau, et je vis ses traits, que je n’avais fait qu’entrevoir au chalet. Ses cheveux noirs, épais et courts, dessinaient un front blanc et vaste, d’une sérénité remarquable. L’œil, bien fendu, avait le regard doux et pénétrant ; le nez était fin, et l’expression de la narine se liait à celle de la lèvre par un demi-sourire d’une bienveillance calme et délicatement enjouée. La taille moyenne et la poitrine large annonçaient la force physique, en même temps que les épaules légèrement voûtées trahissaient l’étude sédentaire ou l’habitude de la méditation.

J’oubliai, en le regardant avec un certain sentiment d’analyse, l’espèce de confusion que je venais d’éprouver, et je le saluai avec sympathie. Il me rendit mon salut avec cordialité, et m’offrit la tasse pleine d’eau qu’il allait porter à ses lèvres, en me disant que cette eau si belle était digne d’être offerte comme une friandise.

J’acceptai, obéissant à l’attrait qui me poussait à échanger quelques paroles avec lui ; mais, à la manière dont il me regardait, je sentis que j’étais pour lui un objet de curiosité ou de sollicitude. Je me rappelai l’étrange exclamation qui m’était échappée en sa