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tesse éperdue, de s’élancer hors de l’appartement en feignant d’entraîner et de châtier Perdreau, qu’au fond du cœur il remerciait sincèrement de son inconvenance.

Comme il sortait escorté des glapissements du lévrier, des sourds grognements de son propre chien et des exclamations douloureuses de la comtesse, il rencontra la marquise, qui, étonnée de ce vacarme, lui demanda ce que cela signifiait.

— Mon chien a étranglé celui de madame, répondit-il d’un air piteux en s’enfuyant.

Il retourna à la ferme, emportant un grand fonds d’ironie et de haine contre la noblesse, et riant du bout des lèvres de son aventure. Cependant il eut pitié de lui-même en se rappelant quels affronts bien plus grands il avait prévus, et de quel sang-froid moqueur il s’était vanté en quittant Louise quelques heures auparavant. Peu à peu tout le ridicule de cette scène lui parut retomber sur la comtesse, et il arriva à la ferme en veine de gaieté. Son récit fit rire Athénaïs jusqu’aux larmes. Louise pleura en apprenant comment Valentine avait accueilli son message et reconnu la chanson que Bénédict lui avait chantée. Mais Bénédict ne se vanta pas de sa visite au château devant le père Lhéry. Celui-ci n’était pas homme à s’amuser d’une plaisanterie qui pouvait lui faire perdre mille écus de profits par chacun an.

— Qu’est-ce donc que tout cela signifie ? répéta la marquise en entrant dans le salon.

— C’est vous, Madame, qui me l’expliquerez, j’espère, répondit la comtesse. N’étiez-vous pas ici quand cet homme est entré ?

— Quel homme ? demanda la marquise.