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dans les salons aristocratiques des environs sous le titre de comtesse de Raimbault. Les voisins en firent des gorges chaudes, les uns par mépris, les autres par envie. La vraie comtesse de Raimbault intenta à la nouvelle un procès pour ce fait ; mais elle mourut, et personne ne songea plus à réclamer. Athénaïs était bonne, elle fut heureuse ; son mari, doué de l’excellent caractère et de la haute raison de Valentine, l’a facilement dominée et corrigée doucement de beaucoup de ses travers. Ceux qui lui restent la rendent piquante et la font aimer comme le feraient des qualités, tant elle les reconnaît avec franchise.

La famille Lhéry est raillée dans le pays pour ses vanités et ses ridicules ; cependant nul pauvre n’est rebuté à la porte du château, nul voisin n’y réclame vainement un service ; on en rit par jalousie plutôt que par pitié. Si quelque ancien compagnon du vieux Lhéry lui adresse parfois une lourde épigramme sur son changement de fortune, Lhéry s’en console en voyant que la moindre avance de sa part est reçue avec orgueil et reconnaissance.

Louise se repose auprès de sa nouvelle famille de la triste carrière qu’elle a fournie. L’âge des passions a fui derrière elle ; une teinte de mélancolie religieuse s’est répandue sur ses pensées de chaque jour. Sa plus grande joie est d’élever sa petite-fille blonde et blanche, qui perpétue le nom bien-aimé de Valentine, et qui rappelle à sa très-jeune grand’mère les premières années de cette sœur chérie. En passant devant le cimetière du village, le voyageur a vu souvent le bel enfant jouer aux pieds de Louise, et cueillir des primevères qui croissent sur la double tombe de Valentine et de Bénédict.


FIN