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dépérir rongé de chagrins et de privations. Ensuite je ne l’aurais pas attiré dans un piège pour le livrer à un assassin. Non ! il serait aujourd’hui plein d’avenir et de vie, s’il eût voulu m’aimer ! Soyez maudite, vous qui l’en avez empêché !

En proférant ces imprécations, la malheureuse Louise s’affaiblit, et finit par tomber mourante aux pieds de sa sœur.

Quand elle revint à la vie, elle ne se souvint plus de ce qu’elle avait dit. Elle soigna Valentine avec amour ; elle l’accabla de caresses et de larmes. Mais elle ne put effacer l’affreuse impression que cette confession involontaire lui avait faite. Dans ses accès de fièvre, Valentine se jetait dans ses bras en lui demandant pardon avec toutes les terreurs de la démence.

Elle mourut huit jours après. La religion versa quelque baume sur ses derniers instants, et la tendresse de Louise adoucit ce rude passage de la terre au ciel.

Louise avait tant souffert, que ses facultés, rompues au joug de la douleur, trempées au feu des passions dévorantes, avaient acquis une force surnaturelle. Elle résista à ce coup affreux, et vécut pour son fils.

Pierre Blutty ne put jamais se consoler de