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— Cela, je vous le jure, mon oncle !

— Eh bien ! je vais en causer avec elle. Viens avec moi jusqu’à Vignolette.

— Oui, mon oncle, jusqu’à mi-chemin, car j’ai ici des maçons qui brouillent tous mes plans quand j’ai le dos tourné.

Quand nous fûmes à peu de distance de Vignolette, Jacques me pria de le laisser retourner à ses travaux. Il semblait craindre d’aller plus loin. Je lui rendis sa liberté, mais, quand nous nous trouvâmes un peu loin l’un de l’autre, je remarquai fort bien qu’il ne retournait pas à Champgousse. Il se glissait dans les vignes comme pour surveiller le résultat de ma visite à sa sœur.

Je fouettai mon cheval et lui fis doubler le pas. Je ne voulais pas que Jacques arrivât avant moi par les petits sentiers et qu’il prévînt sa sœur de mon arrivée. Cependant, comme il me fallait, pour entrer en voiture, tourner autour de la ferme, je n’étais pas certain qu’avec ses grandes jambes et les habitudes du chasseur qui passe à travers tout, il n’eût gagné les devants, quand je pénétrai sans me faire avertir dans le jardin de ma nièce.

Elle était dans son verger et vint à moi, portant un panier de pêches qu’elle venait de cueillir, et qu’elle posa sur un banc pour m’embrasser cordialement.