Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/80

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Ah ! tu la croyais morte ?

— On me l’avait dit.

— Eh bien ! je t’apprends qu’elle est vivante, et si mes inductions ne m’égarent pas, car elle s’est enfuie du couvent, elle est maintenant cachée à Vignolette.

— Ah ! elle s’est enfuie ?

— Oui, mon garçon, avec un amoureux qui a de très-grands pieds.

— Jacques Ormonde regarda involontairement ses pieds, et puis les miens, comme pour faire une comparaison qui ne lui était jamais venue à l’esprit. Peut-être jusqu’à ce jour ne s’était-il pas douté qu’il pût y avoir une imperfection dans sa personne.

Je vis bien qu’il était démonté, et que, si je le poussais encore un peu, il allait tout me révéler ; mais j’avais voulu le pénétrer et je ne voulais pas de confidences. Je changeai brusquement la conversation.

— Parlons de ta sœur, lui dis-je, est-il vrai qu’elle soit fâchée contre madame Chantebel ?

— Ma tante l’a beaucoup blessée, elle lui a donné à entendre qu’elle ne voyait pas de bon œil son mariage avec Henri.

— Je sais qu’il y a eu un malentendu entre elles, comme il y en a eu un entre Henri et toi. J’espère que tout sera réparé, et, puisque tu es sûr que Miette n’a pas formé d’autres projets…