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avertis. Il n’y a rien de si long et de si difficile que d’obtenir l’interdiction d’une personne, même beaucoup plus aliénée que mademoiselle de Nives ne me paraît l’être.

— Je réfléchirai, répondit madame de Nives ; je vous l’ai promis. Je vous remercie, monsieur, de l’attention que vous avez bien voulu m’accorder, et vous demande pardon du temps que je vous ai fait perdre.

Je la reconduisis jusqu’à sa voiture et elle repartit pour sa terre de Nives, située à cinq lieues de Riom, sur la route de Clermont. Je remarquai, car j’ai l’habitude de remarquer tout, que les chevaux anglais qui avaient ébloui ma femme étaient de vraies rosses, et que les domestiques à livrée étaient fort râpés. Cette femme ne sacrifiait rien au luxe, cela devenait évident pour moi.

Ma femme et mon fils m’attendaient pour déjeuner.

— Je ne déjeune pas, leur dis-je. Prenez votre temps. Moi, j’avale une tasse de café pendant qu’on mettra Bibi au tilbury. Je ne rentrerai pas avant trois ou quatre heures.

Pendant que je donnais mes ordres, j’examinais mon fils à la dérobée. Il me semblait avoir les traits altérés.

— As-tu bien dormi ? lui demandai-je.

— On ne peut mieux, répondit-il. J’ai re-