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— D’accord ; y êtes-vous parvenue ?

— Non. J’ai passé tout un mois en vaines recherches, et, de guerre lasse, je suis revenue auprès de ma petite Léonie, dont je ne pouvais pas me séparer plus longtemps. Je n’ai encore voulu confier à personne le douloureux secret que vous venez d’entendre, mais il faut pourtant que j’agisse encore, et je venais vous demander ce que je dois faire. Faut-il m’adresser aux tribunaux, à la police, à qui de droit enfin, pour que Marie soit retrouvée et arrachée à l’infamie ? Ou bien dois-je me taire, cacher sa honte et souffrir qu’elle me ruine et me chasse de la maison de mon mari ? Dans le cas où cette fille avilie serait interdite, elle aurait encore à me savoir gré d’avoir mis son impudeur sur le compte de la folie. Dans le cas où je la laisserais impunie, aurais-je rempli mon devoir envers ma propre fille, qui va se trouver bannie et dépouillée sans que j’aie rien tenté pour la sauver ?

— Vous me permettrez de réfléchir et de bien rechercher les faits avec vous avant de me prononcer.

— Mais c’est que le temps presse, monsieur l’avocat ! Marie aura atteint sa majorité dans vingt-neuf jours. S’il y a quelque chose à tenter, il serait à propos de porter à la connaissance du tribunal et du public le fait de sa disparition