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pas un homme de loi qui l’a conseillé ainsi.

— Pardonnez-moi, c’est…

— Ne me dites pas qui, car je suis forcé de vous dire, moi, que cet homme de loi, si homme de loi il y a, s’est parfaitement moqué de lui.

La comtesse se mordit les lèvres avec dépit.

— M. de Nives, reprit-elle, a toujours regardé Marie comme une personne sans jugement et sans raison, incapable de gérer ses affaires. Il la destinait au cloître. S’il eût vécu, il l’eût obligée à se faire religieuse.

— M. de Nives pouvait se faire aussi cette illusion-là : les anciennes familles négligent quelquefois de se renseigner sur le temps présent, et j’ai ouï dire que M. de Nives ne tenait pas toujours compte de ce qui s’est introduit dans la législation depuis 89 ; mais vous, madame, qui êtes encore jeune et que votre éducation a dû affranchir de certains préjugés, admettez-vous qu’on puisse forcer une héritière légitime à donner sa démission et à prononcer le vœu de pauvreté ?

— Non, mais la loi peut la contraindre à entrer dans une maison de détention et prononcer son interdiction, si elle a donné des preuves de démence.

— Ceci est une autre question ! Mademoiselle Marie de Nives est-elle véritablement aliénée ?