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Nives me déclara qu’il voulait se remarier et qu’il m’avait choisie pour sa compagne. Je refusai à cause de l’enfant, dont je pressentais l’aversion toujours prête à éclater, et, voyant qu’il insistait, je pris la fuite sans l’avertir. Je restai cachée quelques mois chez d’anciens amis. Il découvrit ma retraite et vint me supplier encore d’accepter son nom. Il avait mis Marie au couvent. Elle m’accuse aujourd’hui de l’avoir séparée de son père. J’ai fait au contraire mon possible pour la ramener auprès de lui. C’est le comte qui a été inflexible jusque sur son lit de mort.

Obsédée par une passion que malgré moi je commençais à partager, pressée par mes amis d’accepter les offres si honorables de M. de Nives, je devins sa femme, et j’eus de lui une fille qui s’appelle Léonie, qui a aujourd’hui sept ans et qui est son vivant portrait.

» J’étais heureuse, car je nourrissais toujours l’espoir de réconcilier mon mari avec sa première fille, lorsqu’il fit à la chasse une chute à laquelle il ne survécut que peu de jours. Il laissait un testament par lequel il m’instituait tutrice de Marie, m’attribuant la jouissance de tous ses revenus, ma vie durant. Or, les revenus de M. de Nives sont bien médiocres. Sa fortune provenait de sa première femme. La terre que je gouverne et que j’habite avec ma fille