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» — Remis en question est une expression charmante ! m’écriai-je avec aigreur.

» Il ne me laissa pas continuer.

» — Eh bien oui, dit-il, c’est rompu. Tu ne peux pas t’en plaindre, c’est toi qui l’as voulu. N’as-tu pas écrit à Miette, il y a un mois ou six semaines, une espèce de confession voilée où tu doutais de la possibilité de son pardon et paraissais en prendre ton parti avec une douleur très-résignée ? J’ai bien compris, moi, et, interrogé par elle, je lui ai dit en riant que les plaisirs de la jeunesse n’étaient pas chose grave et n’empêchaient pas le véritable amour de redevenir sérieux. Elle n’a pas su ce que je voulais dire ; elle m’a fait un tas de questions, trop délicates pour qu’il me fût possible d’y répondre. Alors elle a été voir tes parents ; ton père n’y était pas. Elle a causé avec ta mère, qui ne lui a pas caché que tu menais là-bas joyeuse vie, et qui lui a ri au nez lorsqu’elle en a marqué de l’étonnement. Ma chère tante a la franchise brusque quand elle s’y met. Elle a fait clairement entendre à Miette que, si tes infidélités la scandalisaient, la famille se consolerait aisément de son dépit. On n’était pas en peine de te procurer un plus bel établissement. La pauvre Miette est revenue toute penaude et m’a raconté la chose sans faire de réflexions. J’ai voulu la consoler ; elle m’a dit : Je n’ai pas besoin qu’on m’ap-