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mant de ta part que tu ne sais pas tous les secrets de leur beauté. Si tu les examinais attentivement…

— Oh ! pour cela, je les examine, et, sans savoir un mot de science, je pourrais vous dire leurs rapports et leurs différences. Elles sont si jolies et si variées ! J’admire encore plus les belles fleurs étrangères que vous avez dans votre jardin ; mais mon amitié n’est pas pour elles. Nos petites sauvages sont plus à mon gré et à ma portée.

— Tu les regardes donc dans tes promenades ? Je m’imaginais que tu ne voyais rien, que tu faisais courir ta Suzon pour le plaisir de te sentir emportée vite, qu’enfin tu aimais la campagne pour son libre espace, et le mouvement pour lui-même.

— Ah ! c’est certainement un grand plaisir d’aller vite, de fendre le vent et de voler sur la bruyère comme un lièvre ; mais c’en est un plus grand de tout voir en allant au pas et de s’arrêter devant ce qui vous plaît ou vous étonne. J’aime l’un et l’autre, ce que je connais et ce que je ne connais pas. Je voudrais ne rien apprendre et tout savoir,… ou encore mieux je voudrais tout savoir pour l’oublier et le retrouver quand il me plairait, car il y a un grand plaisir à vouloir deviner, et si je savais toujours, j’en serais privée.