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rablement parfumées. Les renflements du terrain, étant plus secs, avaient gardé leurs bruyères roses et leurs genêts rampants, que perçaient de leurs blanches étoiles, roses dessous, les anémones sylvestres.

Il n’y avait pas de sentier, tout éboulement de sable servait de passage pour se diriger dans ce labyrinthe, où ne paissait jamais aucun bétail et que Marianne seule fréquentait. Quelques roches y servaient de siège à sa rêverie, et des touffes d’aulnes et de hêtres élancés y donnaient assez d’ombre sans étouffer la végétation basse.

Marianne aime donc la nature, se disait Pierre, enivré d’une joie intérieure ; elle la comprend, elle la sent comme moi ! Et elle ne le dit pas, elle n’en parle jamais, je ne m’en doutais pas !

— Eh bien, mon parrain, lui dit-elle en paraissant tout à coup à ses côtés, vous voyez que je ne suis pas une bonne jardinière et que vous ne changeriez pas votre nouveau jardin que vous trouvez trop jeune, pour ce vieux marécage abandonné.

— Ce vieux marécage serait un paradis pour moi ! Sais-tu qu’un botaniste y ferait un herbier presque complet de la flore du pays ? J’y ai éprouvé plus d’une surprise, car j’y ai trouvé les espèces les plus rares et qu’il m’a fallu parfois aller chercher bien loin ; tiens, par exemple,