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comme un leurre des plus dangereux. Il ne voulut pas avouer que son cœur s’était pris, et sa mère impatientée finit par lui dire :

— Eh bien, prenons-en notre parti, et, si ce mariage nous chagrine ou nous contrarie, disons-nous que nous n’avons pas voulu l’empêcher !

Philippe arriva à l’heure du déjeuner et y fit honneur. Il raconta ensuite à Pierre qu’il avait fait beaucoup de pas inutiles pour trouver Validat, qu’il avait failli déposer sa couronne de chèvrefeuille à la porte de Mortsang, mais qu’il s’était informé à temps du nom de la localité et de celui des propriétaires du manoir, qu’il avait été encore plus loin et n’avait trouvé qu’un désert de landes marécageuses, qu’enfin il était revenu sur ses pas et s’était approché, vers les huit heures du matin, d’une métairie fort laide qu’il allait encore quitter sans s’y arrêter, lorsqu’il avait vu dans un pré un petit cheval au vert. Il avait reconnu ce petit animal pour mademoiselle Suzon. Il avait pénétré dans le pré à travers les épines et, après avoir passé la couronne autour du cou de la maigre jument, il revenait triomphant, jugeant son entreprise réussie et sa nuit bien employée.

Pierre lui répondit à peine, et, pour se débarrasser de lui, il lui conseilla d’aller se jeter sur son lit, vu que le manque de sommeil pou-