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le sable le galop, bientôt perdu dans le silence de la nuit. La soirée était tiède et parfumée. Pierre resta longtemps immobile à la barrière de son jardin, suivant Marianne dans sa pensée, traversant avec elle en imagination le petit bois de hêtres, la lande embaumée et le clair ruisseau semé de roches sombres. Il croyait voir les objets extérieurs avec les yeux de Marianne, et se plaisait à lui attribuer de secrètes émotions qu’elle n’avait peut-être pas.

Le lendemain était un samedi, jour de marché à la Faille. Aller au marché, n’eût-on rien à acheter ni à vendre, est une habitude de tous les campagnards, paysans et propriétaires. C’est un lieu de réunion où l’on rencontre ceux des environs auxquels on peut avoir affaire. C’est là aussi que se débitent les nouvelles et que s’établit le cours des denrées. Pierre y allait pour lire les journaux ; une fois par semaine se mettre au courant des affaires générales, c’était assez pour un homme qui voulait se détacher de la vie active.

Il passait devant l’hôtel du Chêne-Vert au moment où arrivait la patache qui dessert les diligences d’alentour, lorsqu’il vit descendre de celle de *** un beau garçon qui s’écria en venant à lui : « Me voilà ! c’est moi ! » et qui lui sauta au cou avec une familiarité cordiale. Ce beau garçon, bâti en Hercule, frais comme une rose