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— On peut, répondit Pierre, s’instruire partout et tout seul, pourvu qu’on ait des livres, et tu as le moyen de t’en procurer.

— Mais il faudrait savoir quels livres, et je comptais sur vous pour me les indiquer.

— Ce sera très-facile quand tu m’auras fait connaître ce que tu sais déjà et ce que tu ne sais pas encore. Ton père était instruit, il avait quelques bons ouvrages. Il m’a souvent dit que tu étais paresseuse et sans goût pour l’étude. Te voyant délicate, il n’a pas insisté pour te détourner des occupations de la campagne, que tu préférais à tout.

— Et c’est toujours comme cela, répondit Marianne. Pourvu que je sois dehors et que j’agisse en rêvassant, je me sens bien. Si je réfléchis pour tout de bon, je me sens mourir.

— Alors, mon enfant, il faut rester comme tu es et continuer à vivre comme tu vis. Je ne vois pas pourquoi tu voudrais chercher de nouvelles occupations quand le mariage va t’en créer de si sérieuses.

— Si je me marie ! reprit Marianne. Si je ne me marie pas, il faudra pourtant que j’apprenne à m’occuper pour le temps où je ne pourrai plus courir ; mais voilà le soleil couché : voulez-vous faire votre partie, madame André ?

Madame André accepta, et Pierre, que toute espèce de jeu agaçait, resta au jardin, marchant