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Pierre, voyant qu’il s’était fourvoyé et se faisant remarquer à lui-même qu’il n’avait rien à dire à Marianne qui valût la peine de la déranger, ne souleva pas la couronne de branches qui servait de cadenas à sa porte, et revint sur ses pas en se gourmandant de sa distraction.

Mais l’appartement de la demoiselle, qui avait sa sortie de derrière sur la cour d’exploitation, était tourné en sens inverse et regardait le jardin, situé au midi. Ordinairement le logis du maître, composé d’un simple rez-de-chaussée, prend le jour et la vue sur le domaine, sur le tas de fumier, sur les travaux d’intérieur et sur le bétail, qu’il peut surveiller et qu’il aime à contempler à toute heure. Marianne avait changé cette disposition ; elle avait fait murer ses fenêtres, se ménageant seulement une porte qui lui permettait de communiquer à tout instant avec son monde. Sur la face opposée du bâtiment, elle avait ouvert une fenêtre nouvelle et une porte vitrée. Le bas de la maison n’offrait de ce côté-là qu’un mur sombre égayé par un grand jasmin jaune, une clématite odorante répandue en mille festons touffus et des pyramides de passe-roses variées. Elle avait fait daller le sol sur une largeur de quatre mètres, et un auvent de tuiles protégeait contre l’humidité cette sorte de vérandah, fermée de fleurs et d’arbustes, avec une allée ouvrant au milieu et se prolongeant