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— Je te vois venir, monsieur l’avocat ! tu veux qu’il épouse ta Miette Ormonde !

— Il le veut aussi, il l’aime !

— C’est toi qui le lui persuades !

— Non, je me suis gardé de vouloir l’influencer ; c’eut été le moyen de l’éloigner d’elle, et je ne suis pas si sot. Qu’as-tu donc contre ma pauvre Miette ?

— Contre elle ? Rien assurément, je lui rends justice ; mais c’est… c’est ce chapeau !

— Ce chapeau de village ? mademoiselle de Nives en a un pareil aujourd’hui et n’en a pas moins un air de comtesse.

— Oui, mais elle l’est pour tout de bon, cela se voit.

— Et tu trouves que Miette a l’air d’une maritorne ?

— Non pas, elle ressemble à sa mère, qui te ressemblait. Il n’y a pas d’air commun dans notre famille ; mais Miette est froide, elle n’aime pas Henri !

— Ah ! voilà l’erreur ! Miette te paraît froide parce qu’elle est digne et forte. Je croyais pourtant que tu la comprendrais, toi, car je me souviens d’une personne que j’aimais et recherchais en mariage autrefois… jadis ! Cette personne fut jalouse d’une petite blonde qui ne la valait pas, et que je fis danser, le diable sait pourquoi, à un bal de la préfecture. Or ma fiancée pleura,