Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Il faut qu’il y ait de ta faute, répondis-je. Voyons ! allons au fait. Es-tu toujours amoureux, oui ou non, de ta cousine ?

— Amoureux ?

— Oui, amoureux, amoureux d’amour, il n’y a pas à jouer sur les mots.

— Il est en peine de te répondre, dit ma femme. Il se demande peut-être s’il l’a jamais été.

Henri saisit avidement la perche que lui tendait sa mère.

— Oui, s’écria-t-il, voilà le vrai ! Je ne sais pas si on peut appeler amour le sentiment respectueux et fraternel que Miette m’a inspiré dès l’enfance. La passion n’est jamais éclose de part ni d’autre.

— Et tu veux la passion dans le mariage ?

— Tu crois que j’ai tort ?

— Je ne crois rien, je ne fais pas de théorie. Je veux connaître l’état de ton cœur. Si Miette Ormonde aimait un autre que toi, tu ne demanderais pas mieux ?

Henri pâlit et rougit simultanément.

— Si elle en aime un autre, répondit-il d’une voix émue, qu’elle le dise !… Je n’ai pas le droit de m’y opposer, et je suis trop fier pour ne pas m’interdire les reproches.

— Allons, repris-je, la chose s’éclaircit et la cause est entendue. Écoute, nous avons dîné à