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et d’une mansuétude remarquables. Elle ne vous a pas adressé une parole amère dans une circonstance où tout le mal que vous lui avez fait devait soulever son cœur contre vous. Elle a pris réellement Léonie en passion, et je crois que l’enfant y répond autant qu’il est en elle.

— Il est certain que ma fille aime tout le monde, excepté sa mère ! C’est un naturel terrible. On l’a de trop bonne heure indisposée contre moi.

— Je le sais, et c’est un grand mal ; mais il y a de votre faute, vous n’avez pas su vous faire aimer d’elle et respecter par vos gens.

— Vous ne pouvez pas me conseiller pourtant de l’abandonner à une folle qui prend fantaisie de tout, et qui ne s’en souciera bientôt plus ?

— Si elle ne s’en soucie plus, elle vous la rendra ; mais alors adieu les quinze mille livres de rente ! Faites donc des vœux pour que les deux sœurs fassent bon ménage !

Madame de Nives trouvait l’argument très-juste, je le voyais bien ; mais elle se débattit encore pour la forme.

— Vous croyez donc réellement, reprit-elle, que mademoiselle de Nives est capable d’élever convenablement une jeune fille ?

— Si vous m’eussiez fait cette question hier, je vous aurais dit : Non, je ne le crois pas. Je ne l’avais pas encore vue à l’œuvre ; tandis