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— Et maintenant, reprit-elle, voulez-vous bien demander à madame de Nives combien de rentes il lui faut, à elle, pour vivre dans l’aisance et la sécurité ?

— Je ne connaîtrai plus jamais ces deux biens-là, dit la comtesse ; il me faudrait pour élever ma fille, sans qu’elle eût à souffrir de ce changement de situation, au moins quinze mille francs par an.

— Ce qui, avec vos petites économies, dont je sais aussi le chiffre, vous constituerait une existence égale à celle que vous avez menée depuis votre mariage. Mademoiselle de Nives appréciera si votre affection pour elle mérite un pareil sacrifice.

— Je le ferai, s’écria précipitamment Marie.

Et, avisant Jacques, qui rentrait, elle lui prit la main en ajoutant :

— Nous le ferons, ce sacrifice ; mais à une condition, sans laquelle je m’en tiendrai à ce que M. Chantebel a formulé : la quittance pure et simple.

— Quelle est donc cette condition ? dit madame de Nives, dont les yeux d’acier brillèrent d’un éclat métallique.

— Vous me donnerez ma sœur, et vous me céderez tous vos droits sur elle. À ce prix, vous serez riche, vous vivrez où vous voudrez, excepté à Nives, où je compte m’établir. Vous