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pour que je l’embrasse. J’irai attendre dans votre jardin que vous ayez le loisir de m’entendre à mon tour.

Pendant que la comtesse parlait, j’avais jeté les yeux sur les derrières du donjon, que l’on voyait par une fenêtre opposée à celle qu’occupait mademoiselle de Nives, et j’avais aperçu la Charliette épiant et attendant dans la partie ruinée et abandonnée du manoir. Dès lors madame de Nives me paraissait parfaitement renseignée et je répugnais à une feinte inutile.

— Vous ne me dérangez pas, madame la comtesse, lui dis-je. Je suis ici en famille. S’il y a consultation, vous ne serez pas de trop.

Et lui avançant un fauteuil, j’ajoutai :

— Mademoiselle Ninie est ici ; mais elle était en train de jouer à cache-cache, et elle ne vous voit pas. — Allons, mademoiselle, continuai-je en relevant le tapis, c’est votre maman, courez donc l’embrasser.

Ninie obéit avec une répugnance visible. Sa mère l’empoigna plutôt qu’elle ne la prit et l’assit sur ses genoux en lui disant d’un ton sec :

— Eh bien ! quoi ? êtes-vous folle ? ne me reconnaissez-vous pas ?

Pendant que Ninie embrassait sa mère avec plus de crainte que d’amour, mademoiselle de Nives, avide de savoir si l’enfant était une vic-