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les enfants, qu’en toute cause où ces pauvres innocents sont mêlés, c’est leur intérêt que je plaide, et, bon gré mal gré, elle m’a confié sa fille. Elle est là, belle et bonne, la pauvre Ninie, et, autant que je puis croire, médiocrement heureuse. Son sort sera pire avec une mère aigrie par la pauvreté.

— N’en dites pas davantage, monsieur Chantebel ! s’écria mademoiselle de Nives. Réglez vous-même, et sans me consulter, les sacrifices que je dois faire, puis vous me donnerez une plume, et je signerai sans lire. Vous connaissez ma fortune, et je ne la connais pas. Arrangez tout pour que Ninie soit aussi riche que moi : c’est pour vous dire cela que j’ai voulu vous voir !

En parlant ainsi, la généreuse fille se tourna vers la fenêtre comme pour envoyer un baiser à sa sœur ; mais, ne la voyant plus, elle l’appela et ne reçut pas de réponse.

— Mon Dieu ! dit-elle en courant vers la porte, où peut-elle être ? je ne la vois plus !

Au même instant, la porte s’ouvrit impétueusement, et Ninie s’élança dans les bras de mademoiselle de Nives en s’écriant d’une voix étranglée par la peur :

— Cachez-moi, cachez-moi ! maman ! Elle vient, elle court, elle monte, elle vient pour me