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pourrait te reprocher. Nous avons tous passé par là, nous autres étudiants d’autrefois, et je ne prétends pas que nous valussions mieux que vous ; mais nous revenions au bercail avec joie, et peut-être dans ta correspondance avec ta cousine as-tu laissé percer un regret de ces distractions que tu aurais eu le tort de prendre trop au sérieux ?

— J’espère que non, mon père, car ce regret a été bien léger et rapidement effacé par la pensée de votre bonheur. Je ne me rappelle pas les expressions qui ont pu m’échapper ; mais, à coup sûr, je ne suis pas assez naïf pour avoir rien dit et rien pensé qui motive le ton glacial que la petite cousine a pris pour me répondre.

— As-tu là sa lettre ?

— Je cours vous la chercher.

Henri sortit, et ma femme, qui avait écouté en silence, prit vivement la parole.

— Mon ami, me dit-elle, ce mariage est rompu, il n’y faut plus songer.

— Pourquoi ? qui l’a rompu ? à quel propos ?

— Miette est une fille rigide et froide qui ne comprend rien aux exigences de la vie élégante dans une certaine situation ; elle n’est pas capable de pardonner même l’apparence d’un petit égarement dans la vie d’un jeune homme.

— Allons donc ! que me dis-tu là ? Miette connaît fort bien toutes les légèretés commises par