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teux de mes soupçons. Je voulus en atténuer la brutalité.

» — Ne parlons pas, me dit-elle, cela nous retarde, courons !

» Et elle m’entraîna sur la pente de la prairie, effleurant à peine le sol, légère comme un oiseau de nuit.

» Arrivés à la porte du jardin, nous nous arrêtâmes un instant.

» — Je n’ai pas encore trouvé, lui dis-je, le moyen de vous introduire auprès de l’enfant sans que vous soyez vue par la femme chargée de la garder. Je vous avertis que mademoiselle Ninie couche dans la chambre de ma mère, et qu’en attendant la rentrée de celle-ci, une bonne installée sur un fauteuil dort d’un sommeil peut-être fort léger. Je n’en sais rien, c’est une jeune paysanne que je ne connais pas.

» — Je la connais, moi, répondit mademoiselle de Nives : elle est venue chez Émilie, il y a quinze jours, pour demander de l’ouvrage. Nous lui en avons donné, et je sais qu’elle est douce et bonne. N’ayez pas d’inquiétude. Je sais aussi qu’elle dort profondément ; elle a passé une nuit chez nous, il a fait un orage épouvantable qu’elle n’a pas entendu. Allons, vite, entrons !

» — Permettez ! vous entrerez seule avec moi. Les personnes qui vous accompagnent resteront ici à vous attendre.