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j’étais au couvent de Riom, des lettres de moquerie où on a vu des crimes. À cause de ces malheureuses lettres, on m’a retirée de ce couvent, où j’étais aimée et traitée avec douceur, pour me cloîtrer durement à Clermont. Jacques m’a aidée à me sauver. J’ai été consulter à Paris, je sais maintenant mes droits, et je les ferai bientôt valoir ; mais si je condamne ma belle-mère, j’ai au cœur un désir tendre et ardent, je veux voir sa fille, la fille de mon pauvre père, ma petite sœur Léonie. Elle est chez vous, faites que je la voie. Le moment est favorable et ne se retrouvera peut-être plus. Toute votre famille est ici, l’enfant est seule avec sa bonne dans votre maison. J’ai de bons espions à mes ordres, je suis renseignée. Conduisez-moi chez vous, introduisez-moi auprès d’elle. Je la regarderai dormir. Je ne l’éveillerai pas, je l’aurai vue, et je vous en aurai une reconnaissance éternelle.

» Le moment et le lieu ne se prêtaient pas à la discussion. Je ne sais pas encore quelle réponse j’eusse faite sans un incident maladroitement provoqué par la jalousie de Jacques. Il éteignit le fanal, et, dans la confusion qui s’ensuivit, mademoiselle de Nives, saisissant mon bras avec une force nerveuse extraordinaire, m’entraîna dans les ténèbres en me disant :

» — À présent ! Dieu le veut, vous voyez allons chez vous !