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sœur ? Je croyais qu’elle y avait été avec sa nourrice.

— Ah ! c’est que j’oubliais de vous le dire… comme nous descendions de wagon pour dîner à Montluçon, la Charliette s’est trouvée face à face avec nous. Elle allait à Paris pour tâcher de nous retrouver, et n’espérait pas nous rejoindre si tôt. Docile à mes conseils, Marie lui fit bon accueil.

» — Tu as donc eu peur au dernier moment ? lui dit-elle. Au fait, tout est mieux ainsi, tu n’es pas compromise, et tu peux me servir plus utilement que si tu m’avais suivie à Paris. Tu vas me conduire chez mademoiselle Ormonde, et tu resteras à Riom pour me renseigner sur les démarches de ma belle-mère.

» La Charliette l’a donc accompagnée à Vignolette et a été rejoindre son mari à Riom, où je l’ai rencontrée depuis. Nous avons eu une explication vive tous les deux. Naturellement elle est furieuse contre moi, qui ai si bien réussi à déjouer ses plans. Elle croyait d’abord que j’avais acquis sur mademoiselle de Nives des droits au mariage. Quand elle a su qu’il n’en était rien, elle a relevé la tête et m’a mis encore le marché à la main, prétendant que, selon ses prévisions, son mari chassé du couvent avait perdu sa position et rencontrait beaucoup d’obstacles pour reprendre celle qu’il avait