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— Fort bien ; mais lui a-t-elle dit qu’en se faisant enlever par un gros paladin fort connu au pays pour ses bonnes fortunes, elle a donné des armes contre elle à une belle-mère qui est encore sa tutrice, et qui peut la réclamer et la réintégrer de force au couvent, ne fût-ce que pour huit jours, avec toutes les fanfares d’un grand scandale ?

— Je ne crois pas qu’elle l’ait dit à son avocat, mais je pense qu’elle l’a dit à son confesseur, car elle a été prendre une consultation religieuse auprès d’un abbé très-habile et très-influent, lequel, en apprenant qu’elle avait plus d’un million à mettre au service de sa foi, l’a trouvée au-dessus de tout soupçon et à l’abri de tout danger. Seulement il lui a conseillé de se séparer de moi au plus vite et de se tenir cachée jusqu’au jour de sa majorité. Il ne lui a pourtant pas interdit de me garder pour frère et ami, car Marie, qui ne connaît pas mes fredaines passées, m’a probablement dépeint à lui comme un agneau sans tache capable de l’aider dans sa sainte entreprise. Bref, toutes ces démarches terminées, elle est remontée avec moi en chemin de fer, et après huit jours passés en tête-à-tête à Paris avec votre serviteur, elle est entrée à Vignolette par une belle nuit d’été, aussi pure et aussi tranquille qu’en sortant de son couvent.

— C’est donc toi qui l’as conduite chez ta