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» J’étais si agité, si perplexe, que je ne songeai point à me coucher. Ma fenêtre donnait sur un carré de choux entouré d’une petite palissade. D’un côté, c’était le jardin de la maisonnette louée par mes hôtes ; de l’autre côté, c’était le fond du potager du couvent. Il n’y avait qu’à enjamber. J’avais assez observé pour savoir le local par cœur. Du côté de la rue, notre petite cour avait une porte bien fermée et un mur très-élevé, garni de tessons de bouteilles ; mais cette porte appartenait au logement de la Charliette, et la clef n’était pas gardée par le mari avec le même soin que celle du grenier. Elle restait souvent dans la serrure à l’intérieur. Il y avait donc peut-être moyen de fuir par là tout aussi bien que par le grenier et par la porte de la maison ; mais il eût fallu que mademoiselle de Nives fût prévenue et qu’elle put pénétrer du jardin dans le potager ; j’ignorais absolument si la chose était possible.

» À tout hasard, j’eus l’idée d’aller flairer la porte du petit grenier. Qui sait si je ne trouverais pas un moyen de l’ouvrir ? J’essayai de sortir. Je vis que la Charliette m’avait enfermé dans ma chambre, et que je ne pouvais pas faire sauter la serrure sans un grand bruit. Je tenais mon gros couteau de campagne tout muni d’instruments à toutes fins, et je marchais de la porte à la fenêtre sans aucun espoir de trouver une