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fille mineure. Sa belle-mère va faire du scandale, un procès peut-être où je serai compromise, en tous cas chassée du couvent, où j’ai une bonne place, le moyen de gagner ma pauvre vie, quoi ! Je sais bien que mademoiselle Marie, qui est riche, me dédommagera généreusement de tout ce que j’aurai fait pour elle ; mais il y a mon mari, qui ne sait rien et qui ne se prêtera à rien, ce qui ne l’empêchera pas de perdre aussi la clientèle du couvent et d’être forcé, par le bruit qui va se faire, de changer de pays. Pour mon pauvre mari, qui ne se fera pas ailleurs une clientèle du jour au lendemain, ne ferez-vous pas, de votre côté, quelque sacrifice ? Je ne connais pas les affaires, moi, pauvre femme ; je ne sais pas si mademoiselle Marie sera maîtresse de me faire tout le bien qu’elle me veut, voilà pourquoi je vous ai mis en rapport avec elle, vous qui êtes riche et généreux. Pourtant les idées changent quelquefois ; si vous veniez à oublier ou à méconnaître mes services, vous ne vous êtes engagé à rien, vous ne m’avez rien offert, rien promis.

» Je vous fais grâce du reste, mon oncle. Vous avez dû prévoir en m’écoutant ce qui m’arrivait alors. Moi, j’étais assez simple pour n’y avoir pas songé. Je m’étais bien dit qu’il n’y a pas de désintéressement absolument platonique en ce monde, et que le jour où j’épou-