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» — Je ne vous fixe plus d’époque, ajouta-t-elle, j’ai fait l’épreuve de votre honneur et de votre dévoûment. Quand les circonstances me permettront de reconquérir ma liberté, je vous enverrai ce petit anneau que vous voyez à mon doigt. Cela voudra dire : « Je vous attends, conduisez-moi à votre sœur. »

» Depuis cette entrevue, j’ai été passionnément amoureux de Marie, et je vous jure, mon oncle, que je ne me suis occupé d’aucune autre femme. Ma seconde épreuve a été bien plus longue que je ne pensais, presque aussi longue que la première. J’ai su par la Charliette, qui est venue passer un jour à Riom, que Miette insistait dans ses lettres pour que Marie attendît sa majorité. C’est par la Charliette que les deux amies correspondaient.

» Voyant approcher cette époque, j’étais tout à fait découragé. Je me disais que, n’enlevant pas, je ne serais jamais qu’un ami ; mais, il y a deux mois, un beau matin, je reçois l’anneau d’or mince comme un cheveu, bien plié dans une lettre ! Je pars, je cours, je vole, j’arrive au rendez-vous. »

— Et tu enlèves ? Alors l’histoire est finie ?

— Non, mon oncle, elle commence.

— J’entends bien ; mais il y a des confidences que je ne veux pas recevoir, ou des vanteries que je ne veux pas entendre.