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dépenses d’installation, si vous ne devez l’habiter ni l’un ni l’autre ?

Ma femme venait de me faire acheter le manoir de Percemont, situé au beau milieu de nos terres, dans la commune de ce nom. Il y avait longtemps que cette enclave nous gênait et que nous souhaitions nous porter acquéreurs ; mais le vieux baron Coras de Percemont attribuait au manoir de ses ancêtres une valeur exorbitante et prétendait faire payer cher l’honneur de relever ses ruines. Nous avions dû y renoncer ; puis le baron était mort sans enfants, et le château mis aux enchères nous avait été adjugé pour un prix raisonnable ; mais il fallait au moins une trentaine de mille francs pour rendre tant soit peu habitable ce nid de vautours perché au sommet d’un cône volcanique, et je n’étais pas aussi pressé que ma femme de faire pareille dépense pour m’y installer. Notre maison de campagne, spacieuse, propre, commode, abritée par des collines et entourée d’un vaste jardin, me paraissait bien suffisante, et notre acquisition n’avait d’autre mérite à mes yeux que de nous préserver d’un voisinage incommode ou tracassier. Les pentes de la roche qui portait la tour de Percemont étaient assez bonnes en vignes. Le haut, planté en jeunes sapins, pouvait devenir une bonne remise pour le gibier, et j’étais d’avis qu’on l’y laissât tranquille, pour