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La Charliette ne put obtenir une meilleure réponse, et je m’en revins au pays très-occupé de mon roman. Je ne veux pas mentir et me faire passer pour un saint ; j’eus bien encore quelques plaisirs, mais je n’en étais pas moins pris dans le fond du cœur, et au bout de l’année d’épreuve, c’est-à-dire l’année dernière, je m’en retournai très-mystérieusement à Clermont, où j’avais rompu avec toute autre affaire, et j’allai m’installer sans bruit chez la Charliette.

» D’après l’ordre formel de Marie, je n’avais rien dit à ma sœur ; Miette n’eût d’ailleurs pas voulu plaider ma cause, j’en avais la certitude. Je savais seulement par elle que Marie lui avait confié son désir de fuir le couvent, et qu’Émilie l’avait suppliée de prendre patience jusqu’à sa majorité, lui offrant un asile chez elle aussitôt qu’elle serait libre légalement. Cela ne faisait pas mes affaires ; Marie, n’ayant plus besoin de mon secours dès qu’elle serait majeure, n’aurait pas la moindre raison pour me choisir plutôt qu’un autre.

» Pourtant ma soumission à l’épreuve imposée et ma fidélité à revenir prendre ses ordres à l’heure dite plaidèrent pour moi. J’eus cette fois une entrevue avec elle dans le grenier de la Charliette. Je fus ébloui de sa beauté, elle était habillée en novice, blanche de la tête aux pieds et aussi pâle que sa guimpe ; mais quels