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noble, si riche et probablement si fière, rejetterait à coup sûr les insinuations de la Charliette… Quelle fut ma surprise lorsque le lendemain soir la Charliette me dit :

» — Tout va bien, elle n’a pas dit non ; elle veut vous voir auparavant, car elle sait bien que vous passez pour le plus bel homme de notre pays, mais elle ne vous a jamais vu. Allez demain dimanche à la messe de la communauté ; elle sera derrière le rideau, placée de manière à pouvoir vous regarder ; seulement, ayez l’air très-recueilli, et ne levez pas les yeux de votre livre d’heures. Je vous en prêterai un ; d’ailleurs je serai à côté de vous pour vous surveiller. Il faut de la prudence.

» Je fus très-prudent, personne ne fit de remarques sur mon compte, et Marie me vit fort bien. Dans la soirée, la Charliette me remit une lettre d’elle que je sais à peu près par cœur.

» — Ma bonne amie, je l’ai vu ; je ne sais pas s’il est beau ou s’il est drôle, je ne m’y connais pas ; mais il a l’air bon, et je sais par sa sœur qu’il est excellent. Quant à l’épouser, cela demande réflexion. Dis-lui de revenir dans un an : s’il est décidé, je le serai peut-être ; mais je ne m’engage à rien, et je tiens à ce qu’il le sache. »

» J’aurais bien voulu une épreuve moins longue, mais j’abrège pour ne pas vous fatiguer.