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» La Charliette a été jolie ; elle a encore une figure agréable et fraîche. J’avais été galant avec elle à l’âge où l’on n’a pas encore l’esprit d’être autre chose. Nous nous connaissions donc fort honnêtement, et je fus aise de la rencontrer. Je lui fis part de mon embarras et lui demandai si elle connaissait quelque chambre meublée où je pusse me réfugier.

— Vous n’irez pas loin, me répondit-elle ; moi, j’ai une chambre meublée très-propre dont je ne me sers point et pour laquelle je ne vous demande rien, trop heureuse de rendre service à un pays, et surtout au frère de mademoiselle Miette, qui est si bonne et si serviable. Venez voir si le logement vous convient.

» Je la suivis dans une ruelle étroite et sombre qui longeait de grands murs, et j’entrai dans une vieille maison plus pittoresque qu’avenante ; mais la chambre en question était fort propre, et le mari de la Charliette me l’offrit de si bon cœur, que, pour ne pas chagriner ces braves gens, je m’y installai tout de suite. Je voulais aller chercher mon dîner dans quelque hôtel ; ils n’y voulurent pas consentir. La Charliette me dit qu’elle avait jadis fait la cuisine au château de Nives, et qu’elle me servirait des repas dignes de moi. En effet sa cuisine était excellente ; mais je ne suis pas aristocrate, moi, et je n’aime pas à manger seul. Je n’acceptai qu’à la condition d’a-