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bruit, la liberté, la danse, mais ne se doutant pas qu’elle puisse devenir coupable, et ne pouvant pas avoir permis à Jacques de le devenir auprès d’elle.

— Et pourtant, ma chère Miette, au couvent de Riom, à quatorze ou quinze ans, mademoiselle de Nives avait un amoureux qui lui écrivait des lettres sans orthographe, et cet amoureux, c’était Jacques !

— Non, mon oncle, cet amoureux,… faut-il vous le dire ? c’était bien innocent, allez !

— Dis-moi tout !

— Eh bien ! cet amoureux c’était votre fils, c’était Henri !

— Parles-tu sérieusement ?

— Oui, j’ai vu les lettres et j’ai reconnu l’écriture. Henri était alors au collège, mur mitoyen avec notre couvent ; ces écoliers jetaient des balles par-dessus les murs et ils y cachaient des lettres, des déclarations d’amour, bien entendu, en prose ou en vers, avec de fausses signatures et des adresses dont le nom était mis au hasard : Louise, Charlotte, Marie. Henri se plaisait à ce jeu, il excellait à écrire en style de cordonnier avec l’orthographe à l’avenant. Il signait Jaquet, et adressait ses billets burlesques à Marie, qui s’en moquait. Il savait son petit nom, qu’il entendait crier dans notre jardin ; mais il ne s’inquiétait pas de savoir si elle était