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— Et à présent que comptes-tu faire ?

— Attendre qu’elle ait passé sa fantaisie, l’aborder, lui parler doucement comme à une fille à mon service, et la ramener chez moi avant qu’elle ait été trop remarquée.

— Attends que je la regarde, moi.

— La trouvez-vous jolie, mon oncle ?

— Ma foi oui, diablement jolie, et elle danse à ravir.

— Regardez-la bien, mon oncle, vous verrez que c’est une enfant et qu’elle ne sait pas ce qu’elle fait. Elle n’a pas l’idée du mal, je vous le jure. Qu’elle ait connu Jacques à mon insu, qu’il l’ait aidée à se sauver, qu’il l’ait accompagnée à Paris comme vous le supposiez, qu’il l’ait amenée jusqu’à ma porte, qu’il l’ait revue depuis en secret,… qu’ils s’aiment, qu’ils se soient fiancés, qu’ils aient menti pour éviter l’obstacle de mes scrupules, tout cela c’est possible.

— C’est même certain maintenant.

— Eh bien ! mon oncle, n’importe ; Marie est toujours pure et plus ignorante que moi, qui sais de quels dangers une fille de vingt-deux ans doit se préserver, tandis qu’elle,… elle a toujours douze ans ! Le couvent ne lui a rien enseigné de ce qu’il faudrait qu’elle sût maintenant. Je l’ai retrouvée telle que je l’avais quittée au couvent de Riom, aimant le mouvement, le