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cessité d’être prudente ; elle ne doute de rien, et, quand elle vient voir Marie, je n’ose pas la laisser seule à la maison avec elle.

— Et Jacques ? où est-il pendant ce temps-là ?

— Il doit être à la danse, et sans doute il va venir dîner avec vous.

— À la bonne heure ! Va-t’en donc, puisqu’il le faut. J’espère que tu me dédommageras amplement quand tu ne seras plus gardienne-esclave de ta belle amie. As-tu vu Henri ?

— Non, je n’ai vu et ne veux voir que vous. Adieu et au revoir, mon oncle !

On sonna le deuxième coup du dîner comme ma nièce s’en allait par la cour de la ferme, où elle avait laissé sa carriole et son domestique. Henri, qui arriva par le jardin, ne la vit pas. La nuée des cousins, neveux, petits-cousins et petits-neveux arriva aussi, puis enfin Jacques Ormonde, rouge comme une pivoine pour avoir dansé jusqu’au dernier moment. Le dîner ne fut pas trop long pour un repas de famille à la campagne ; on savait que je n’aimais pas à rester longtemps à table. Le service était prompt et forçait les convives à ne pas s’endormir en mangeant. Dès qu’on eut fini, sentant le besoin de respirer le grand air et d’oublier la claustration que m’avaient imposée les clients de la journée, je proposai d’aller prendre le café chez le père Rosier, qui tenait un établissement cham-