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dra et de vous en trouver une autre dont je pourrai vous répondre comme de moi-même. — Elle avait envie d’accepter, elle n’osait pas à cause de toi ; elle disait : Ma petite est bruyante. Elle ennuiera M. Chantebel. — Bah ! lui ai-je répondu, vous ne le connaissez pas ! C’est un patriarche ! Il est bon comme du pain et il adore les enfants. Enfin j’ai si bien insisté qu’elle m’a laissé cette chérie, qui est un amour d’enfant. La pauvre femme était si touchée qu’elle en pleurait et qu’elle m’a embrassée en me quittant.

— Peste, ma femme ! tu as été embrassée par une comtesse ! C’est donc ça que je te trouve dans la figure quelque chose de plus noble qu’à l’ordinaire !

— Tu vas encore railler ? c’est insupportable ! On ne peut plus parler raisonnablement avec toi, monsieur Chantebel ; tu deviens…

— Insupportable, tu l’as dit.

— Non, tu es le meilleur des hommes, tu ne peux pas me blâmer d’avoir accueilli une pauvre enfant qui a besoin d’être soignée et surveillée en l’absence de sa mère.

— Dieu m’en garde ! d’autant plus que tu me fais, sous condition, des compliments que je ne veux pas échanger contre des reproches. L’enfant ne me fâche pas, un enfant ne gêne jamais. Gardons-la tant qu’il te plaira, mais laisse-moi