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MARIELLE.

Oui, vieux enfant, vieux comédien, vieux jouet ! voilà comme ils disent ! Mais je leur ferai voir qu’un comédien est un homme ! Où sont-ils, ceux-là qui me raillent et me montrent au doigt ?

FLORIMOND.

Est-ce que tu ne me veux point reconnaître, à présent ? Voilà du nouveau ! Marielle, allons-nous-en.

MARIELLE, hors de lui.

Ne me touchez point ! Vous êtes des assassins, des infâmes ! (Il résiste, lutte avec Florimond, et, retrouvant ses forces, lui serre la gorge convulsivement.) Rendez-la-moi, rendez-la-moi ! ou je vous tue tous… tous ! (Il jette Florimond sur une chaise et tombe évanoui dans ses bras.)

FLORIMOND.

Il m’a presque étranglé. Il devient terrible !… Comment fait donc Pierrot pour en venir à bout ? (Le regardant.) Le voilà calmé !… Évanoui ? Oh ! mille millions de diable, le voir ainsi ! Pauvre Marielle ! le seul homme que j’aie peut-être jamais aimé ! (Il l’emporte dans ses bras. Pendant qu’il sort par la gauche, Desœillets entre par le fond et l’observe.)


Scène IV

DESŒILLETS, seul.

Il entre lentement, une lanterne d’une main, de l’autre un panier. Il avance, pendant son monologue, une table de toilette, allume deux flambeaux et tire de son panier un maigre souper et une bouteille qu’il place sur cette table. Il avance une chaise et pose son panier par terre, à ses pied.

Il parait que le bonhomme ne va pas mieux. Une lampe qui s’éteint ! telle est la vie ! chose noire et mélancolique entre toutes !… Ces ivrognes de musiciens qui me voulaient