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Scène X

FRANCINE, LE DRAC.
FRANCINE, à la porte du fond.

Il se retourne ! il me regarde !… Ah ! Bernard !… Il m’envoie des baisers, et je ne peux pas lui en rendre un seul !… Ah ! il ne me voit plus ! (Elle lui envoie un baiser.)

LE DRAC, éperdu, lui saisissant la main.

Que fais-tu là, Francine ?

FRANCINE.

Ah ! tu m’as encore fait peur, toi ! Tu étais donc là ? Qu’est-ce que tu veux ?

LE DRAC.

Je veux que tu renonces à Bernard !

FRANCINE.

Eh ! de quoi te mêles-tu ?

LE DRAC.

Francine ! je t’aime !

FRANCINE.

Toi ? Par exemple ! à ton âge ?

LE DRAC.

Je n’ai pas d’âge, Francine, je suis de ceux qui ne meurent point.

FRANCINE.

Qu’est-ce que tu chantes là ? Tu deviens fou !

LE DRAC.

Francine, tes yeux te trompent ! Je ne suis pas l’orphelin que ton père a recueilli. Nicolas est parti ce matin ; il ne reviendra plus !

FRANCINE.

Mais qu’est-ce que tu me dis donc ? Tu dis que Nicolas est parti, et c’est lui qui me parle ? Tu ne te connais donc plus toi-même ? Tu auras eu quelque grande peur qui t’a fait perdre l’esprit.