Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/350

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
DESŒILLETS.

C’est comme il plaira à Votre Seigneurie. Mais, s’il était vrai, croyez bien que ma discrétion…

MARIELLE.

C’est bien, laissez-moi, mon ami. Il me faut rêver à mon rôle.

DESŒILLETS.

On va commencer dans un moment !

MARIELLE.

Je suis prêt, vous voyez. (Desœillets sort.)


Scène VII

MARIELLE, seul

Pour grande que fût ma confiance en mes deux plus anciens amis, Ergaste et Florimond, je ne leur ai point voulu confier mon mariage avant que d’être ici. Et voilà que Fabio le sait et s’en ouvre au premier venu ! Je savais bien qu’un secret ne peut pas durer ; mais il me suffisait de gagner Paris, où, protégé par la reine mère et par le ministre, je n’avais rien à redouter de la famille de Sylvia. Ergaste est l’ami le plus sûr, Florimond le plus prudent homme du monde… Et cependant Fabio le sait !… Fabio le tiendrait de ma femme ! Non !… à moins qu’il ne se soit épris d’elle, comme je l’ai parfois appréhendé, et que, pour se délivrer de ses poursuites, elle n’ait invoqué la sainteté des nœuds qui l’engagent à moi ! Elle a bien fait alors ! Fabio est résigné ou guéri !… Non ! Il souffre ! Sylvia aussi… et moi… mon esprit se trouble… Il faut que je la voie… Ah ! c’est elle ! Je rougis d’être ému.