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présenter ce soir. Vous feriez bien, par prévision, d’aller répéter avec la Marinette.

FABIO.

La Marinette ferait votre partie ? Vous n’y songez point. Ce serait de quoi nous faire tous siffler ! Une fille éventée, qui fait tout au plus la Colombine, et qui, tout occupée d’elle seule, ne ménage nul effet à son interlocuteur.

SYLVIA.

Elle fera de son mieux, et vous vous en récompenserez un autre jour.

FABIO.

Madame, en vérité, vous n’avez ni l’œil ni la voix d’une personne malade, et je crois que vous faites ceci pour me désobliger.

SYLVIA.

Moi ? Est-ce que j’eus jamais de ces méchants caprices-là ?

FABIO.

Si c’en est un, il est fâcheux pour tout le monde. Marielle lui-même s’en ressentira et n’aura point son succès accoutumé.

SYLVIA.

Marielle, manquât-il la moitié de son rôle, saura mettre encore assez de perfection dans son jeu pour ravir le public.

FABIO.

Vous êtes fort vaine du talent de votre mari ! on le sait !

SYLVIA.

C’est ma seule vanité : ne m’est-elle point permise ?

FABIO.

Comme votre œil reluit en me disant cela ! (Avec ironie) Vous souffrez beaucoup, n’est-il pas vrai ?

SYLVIA.

Tellement, que je me retire et vous salue. (Elle sort.)